Avant de devenir le nom d’une rue ou d’un boulevard à Lille, Paris ou Rennes, Solferino est d’abord un village d’Italie. Nous l’avons traversé, en quittant la plaine du Pô, quelques kilomètres avant d’arriver sur les rives du Lac de Garde.
Pour comprendre :
En 1849, le royaume de Piémont-Sardaigne, avec à sa tête Victor-Emmanuel II, est engagé dans un processus d’unification de l’Italie. Dans ce contexte, le Royaume Sarde affronte l’empire d’Autriche-Hongrie pour le contrôle des territoires du nord de l’Italie sur lesquels nous pédalons joyeusement en ce début avril.
Napoléon III propose d’aider Victor-Emmanuel à chasser les Autrichiens. En échange de ce petit service qui coûtera la vie à quelques milliers de conscrits, la France impériale doit récupérer Nice et la Savoie - à cette époque les territoires pouvaient s’échanger comme des cartes de Monopoly.
La coalition franco-sarde l’emporte à l’issue d’une bataille sanglante mais qui dans l’immédiat ne sera pas décisive. Napoléon III devra patienter encore une dizaine d’années avant de recevoir ses récompenses territoriales, mais Solferino devient synonyme de grande victoire française. C’est ainsi qu’il y a sans doute aujourd’hui davantage de français habitant une rue Solferino que d’Italiens résidant dans la commune du même nom.
En arrivant à Solferino, rien ne mentionne cette bataille. En revanche, un panneau indique que dans cette ville est né l'idée de ce qui deviendra la Croix Rouge sous l’impulsion d’Henri Dunant.
En 1859, cet homme d'affaires suisse, fraîchement naturalisé français se trouvait justement dans les parages de Solferino. Horrifié par les souffrances des milliers de blessés et agonisants, il s’engage pour aider les victimes des combats en tentant d’organiser les soins.
Henry Dunant se consacre ensuite à cette cause et participe en 1862 à la création du comité international de secours aux militaires blessés (rebaptisé comité international de la croix rouge en 1876). En 1901, Henri Dunant obtient le premier prix Nobel de la paix. Parmi ses idées fortes, certaines raisonnent cruellement avec l’actualité de ce mois d’avril 2022. Celui-ci a milité pour que les soldats soient secourus sans distinction de nationalité, défendu l’idée qu’un soldat blessé, hors de combat cessait aussitôt d’être un ennemi…
N'y aurait-il pas moyen, pendant une époque de paix et de tranquillité, de constituer des sociétés de secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés, en temps de guerre, par des volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés pour une pareille oeuvre ?
Tiré du livre “Un souvenir de Solferino” écrit par Henri Dunant au lendemain de la bataille tragique de Solferino du 24 juin 1859.
Il existe désormais de nombreuses rues Henri Dunant, j’ignore, en revanche, s’il existe quelque part un carrefour Dunant-Solferino.
L'ossuaire de Solferino :
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